Location de jet privé, quel est l’impact de la pandémie?

Les effets du COVID-19 sur la location de jet privé.

Les restrictions à la circulation nationale et internationale actuellement en vigueur dans pratiquement tous les pays de la planète sont sévères. En France, par exemple, même à partir du déconfinement, prévu pour le 11 mai, les déplacements des particuliers seront limités à 100 km, sauf pour des cas d’extrême urgence. Dans toute l’Europe, le pourcentage des avions cloués au sol est proche de 90 %. Cela est un peu moins grave pour un jet privé, qui peut être loué pour des services d’émergence, transport de politiciens, ambulance, footballeurs, chefs et cadres d’entreprise.

J’ai reporté ici une enquête dAvinode, une sorte de place du marché digitale au service des loueurs de jets privés et des opérateurs de flottes de jets privés.

Sondage sur le COVID-19 auprès des membres d’Avinode

Au total, nous avons interrogé 7 000 utilisateurs d’Avinode et de Schedaero. Nous avons écouté leurs suggestions sur l’aide que nous pourrions leur offrir, ainsi que leurs réflexions sur ce que COVID-19 signifiera pour leur entreprise. Grâce à tous ceux qui ont participé, nous avons maintenant une idée claire des défis à venir, de la manière dont nous pouvons aider et d’un plan d’action pour l’avenir.

Prédictions de courtiers en location de jet privé - image Avinode
Prédictions des courtiers en location de jet privé – image Avinode

Réflexions sur la location de jet privé

Nous avons demandé quel impact COVID-19 aura sur la demande d’affrètement aérien et leurs activités au printemps, en été et en automne. Les réponses montrent que les courtiers et les opérateurs s’attendent à une demande plus faible que d’habitude au printemps (environ 90% de réduction pour les deux côtés), ce qui aura un impact important sur les affaires au printemps (environ 60% de réduction pour les deux côtés).

Cependant, les prévisions pour l’automne sont beaucoup plus optimistes, la réponse la plus courante étant que COVID-19 n’aura «aucun impact sur les entreprises» (35 à 40% pour les deux parties). Interrogées sur la demande durant l’automne, une majorité des deux côtés (65-70%) pense qu’elle sera de retour à des niveaux normaux ou plus élevée que d’habitude.

Prédictions des opérateurs de flottes de jets privés - image Avinode
Prédictions des opérateurs de flottes de jets privés – image Avinode

Pourquoi je parie que ces prévisions sont trop pessimistes

Les révisions des prévisions: pourquoi toute prévision peut être démentie et il faut naviguer à vue

La demande de location de jet privé, pour les mois à venir, dépend de la situation épidémiologique d’un virus, le Covid-19, dont on connaît assez peu. Pire, vu l’urgence de la situation, d’une part les scientifiques s’empressent de communiquer tout résultat positif concernant les soins et les vaccins, afin de sensibiliser les pouvoirs publics et obtenir au plus vite, le cas échéant, la commercialisation de leurs découvertes. D’autre part, les médias essayent d’attirer l’attention et gagner de l’audience avec tout  ce qui représente espoir, ou danger, pour les masses. Par exemple, durant cette semaine, certains médias français ont annoncé avec un certain enthousiasme que le tocilizumab, substance médicale commercialisé par Roche avec le nom de Actemra, avait obtenu des améliorations considérables de la santé de 77 % des malades graves de COVID-19 auquel il avait été administré, une centaine.

Cette nouvelle est assez crédible, néanmoins elle n’avait pas fait bouger les marchés financiers, comme on aurait pu s’attendre vu l’enthousiasme de certains journalistes. En fait, même si l’étude épidémiologique a été effectuée cette semaine, cela fait plusieurs semaines que l’Actemra est utilisé dans les salles de réanimation, avec des effets positifs, quoi que pas miraculeux.

De la négativité exagérée

Quand j’entends le PDG de Boeing  affirmer qu’il faudra au moins trois ans pour que l’avionneur retrouve le niveau de commandes d’avant la pandémie, je soupçonne qu’il exagère les problèmes de son entreprise pour obtenir un financement plus important de son gouvernement, et il n’est pas le seul. D’ailleurs le PDG d’Airbus est beaucoup moins pessimiste dans ses prévisions.

De nouvelles positives qui pourraient changer la donne

Jusqu’à hier on craignait que les malades de coronavirus ne développaient pas d’immunité, pouvant retomber malade, comme a été vérifié dans environ 10 % des cas. Cela impliquerait que c’est impossible de développer la soi-disant immunité de troupeau, grâce à laquelle les virus arrêtent sa diffusion, car plus de 60 % de la population est devenu immune. Les implications pour le trafic aérien, dans ce cas, serait beaucoup plus négative et de plus longue durée, l’unique espoir d’arrêter complètement le virus étant la découverte d’un vaccin. Eh bien non, aujourd’hui certains médias publient une étude chinoise selon laquelle tous les patients du coronavirus développeraient l’immunité. Le conditionnel est de mise.

Conclusion : les prévisions de n’importe quel expert d’aviation sont utiles, mais éphémères.

Vu que chaque jour on découvre quelque chose de nouveau au sujet du coronavirus, toute prévision pourrait se dévoiler trop optimiste, ou trop pessimiste, dans l’espace de quelques jours.

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