Les biocarburants de plus en plus tendance.
Chaque semaine, rien qu’en France, trois stations-service mettent en place une toute nouvelle pompe au bioéthanol. Le nombre de voitures fonctionnant à l’éthanol augmente à un rythme impressionnant, et le développement de biocarburants pour l’aviation connaît également un pic. Analysons les raisons de ce succès.
L’appât du profit, plutôt que les préoccupations environnementales, alimente leur croissance.
Les constructeurs automobiles et aéronautiques produisent des moteurs à combustion interne depuis plus d’un siècle. Ils sont un oligopole, une sorte de cartel qui domine le marché. Pensez au fait qu’il y a moins de 10 constructeurs automobiles qui contrôlent le marché mondial depuis la Seconde Guerre mondiale, la seule nouvelle entrée étant un constructeur de voitures électriques, Tesla. Les fabricants de moteurs à réaction ne sont pas plus de 5. Ainsi, les biocarburants peuvent leur permettre de profiter de leur position dominante sur le marché, car ils leur permettent de continuer à produire le même type de moteurs.
L’attrait écologique des biocarburants
À une époque où la « honte de voler » décourage un pourcentage croissant de voyageurs en avion, parce que les jets, en particulier s’il s’agit d’un jet privé, sont considérés comme trop polluants, les biocarburants sont également un bon moyen d’apaiser les craintes écologiques croissantes. Les gouvernements les promeuvent; par exemple, l’éthanol est très légèrement taxé en France, également afin de réduire notre dépendance du pétrole importé, puisque ce pays produit et exporte de l’éthanol. Personnellement, je pense que les biocarburants ne sont pas une solution viable non seulement à court terme, mais même à moyen et à long terme. En effet, ils sont trop chers, et avant qu’une chaîne d’approvisionnement suffisante puisse être mise en place, les moteurs électriques et les batteries seront devenus suffisamment rentables pour battre la concurrence des biocarburants. Enfin et surtout, les biocarburants sont beaucoup moins écologiques que l’électricité. Le seul avantage qu’ils apportent, c’est qu’ils peuvent réduire temporairement notre dépendance des énergies fossiles, qui sont encore plus polluantes.
Le gouvernement français entend promouvoir les biocarburants
Les groupes Airbus, Air France, Safran, Total et Suez Environnement ont réfléchi pendant près de deux ans aux conditions de création d’une filière, après avoir signé en décembre 2017 avec l’État engagé pour la croissance verte (ECV) sur les biocarburants aéronautiques. Le gouvernement a ensuite défini la feuille de route. Les biocarburants doivent être certifiés aux normes aéronautiques et durables, «sans entraîner la déforestation ni concurrencer les usages agricoles», a prévenu Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire.
Jusqu’à 18% de biocarburant pour le Beluga.
Depuis janvier, le nouveau cargo Beluga XL avion, qui transporte des sections d’avion entre les usines d’Airbus, utilise jusqu’à 18% de biocarburant produit avec des huiles usées.
Six sources pour la production de biocarburants.
Six sources de substances ont été certifiées pour être mélangées avec du kérosène. Le processus le plus avancé est l’hydrogénation de l’huile végétale et des graisses animales usées. Il y a aussi l’incorporation de pétrole dans le raffinage du pétrole, la gazéification de la biomasse, la synthèse par l’isoparaffine (SIP) du sucre (déchets de canne à sucre) et la distillation de l’éthanol, qui est déjà très utilisés par les voitures, et même mélangé à 10% dans plus de la moitié de l’essence vendue en France (SP 95 E10). « Notre bio-raffinerie de La Mède pourra produire 100 000 tonnes de biocarburant par an par hydrogénation d’huiles et graisses végétales usées, mais une chaîne d’approvisionnement doit être créée », a déclaré Paul Mannes, directeur de Total Aviation. Dans l’intervalle, le groupe pétrolier importe son biokérosène du Brésil. «Nous avons déjà certifié la sécurité d’un mélange à 50%. Nous devons maintenant mobiliser la biomasse durable », a déclaré son directeur R&D, Stéphane Cueillé. Le fait est que les biocarburants coûtent trois à quatre fois plus cher. «Sans incitation, ce n’est pas économiquement compétitif. Cela nécessite l’intervention des pouvoirs publics pour compenser le surcoût », rappelle Paul Mannes, chez Total.
La 6ème source sont les déchets végétaux: une nouvelle voie synthétique transforme efficacement la cellulose en carburant performant. Les chercheurs ont développé une voie synthétique qui génère du carburant haute performance pour les avions à partir de déchets végétaux – à partir de paille, de tiges de maïs ou de sciure de bois. La cellulose de ces résidus crée un mélange d’hydrocarbures qui convient comme carburant d’avion ou additif de kérosène. Le point culminant: ce biocarburant a une densité d’énergie plus élevée que le kérosène et pourrait donc également être économiquement intéressant. Mais pour le moment, même ce carburant dérivé de déchets végétaux est beaucoup trop cher, environ deux à trois fois plus cher que le carburant d’aviation normal.